Si la prise en charge des maladies cardiovasculaires ne cesse de s’améliorer, l’idéal est de les prévenir en amont, en modifiant certaines habitudes… Conseils du Pr Olivier Descamps, interniste à l’Hôpital de Jolimont et président de la Société belge d’athérosclérose.
Certains facteurs font augmenter notre probabilité d’être touché par une maladie cardiovasculaire, en causant ou favorisant des dépôts de cholestérol dans nos artères (athérosclérose). Bonne nouvelle: il est possible d’agir sur la majorité d’entre eux, liés à nos comportements quotidiens.
L’excès de cholestérol
Le cholestérol LDL, dit «mauvais cholestérol», est à l’origine des plaques d’athérosclérose. De quoi s’agit-il? «Pour faire simple, pour fonctionner correctement, nos cellules produisent une petite quantité de cholestérol. Ce qui est produit en excès est rejeté dans le sang afin d’être éliminé par le foie puis l’intestin. Ce déchet est appelé le cholestérol LDL», explique le Pr Descamps. «Quand ce dernier se trouve en quantité trop importante dans le sang, il finit par pénétrer la paroi de l’artère, et reste bloqué dans cet environnement oxydant. Résultat: une plaque de cholestérol se forme et s’épaissit de plus en plus.»
Comment agir ?
- Diminuez votre consommation d’aliments contenant des graisses saturées.
- Si nécessaire, votre médecin pourra vous prescrire un médicament qui fait baisser le taux de cholestérol LDL.
Le tabagisme
Quand on fume, une série de réactions se produisent dans l’organisme. Notamment la surproduction de radicaux libres, qui accélèrent l’oxydation et donc la formation de plaques de cholestérol. «Fumer augmente de 2 à 3 fois le risque de maladies cardiaques!», souligne le Pr Descamps.
Comment agir ?
- Arrêtez totalement de fumer, en vous faisant aider par un tabacologue si besoin.
L’hypertension artérielle
Une pression sanguine trop élevée va laminer la paroi des artères, c’est-à-dire la rendre plus perméable. Le cholestérol LDL s’infiltrera donc plus facilement dans cette paroi afin d’y former une plaque de cholestérol. «En général, la tension artérielle idéale se situe en dessous de 140/90 mmHg. Mais si un autre facteur de risque s’en mêle, comme le diabète, on veillera à ce que celle-ci ne dépasse pas 130/80 mmHg.», précise le Dr Descamps.
Comment agir ?
- Diminuez votre consommation de sel.
- Si nécessaire, votre médecin pourra vous prescrire un médicament anti-hypertenseur.
Le diabète
L’hyperglycémie chronique (excès de sucre dans le sang) favorise l’athérosclérose car le sucre accélère la formation de plaques de cholestérol. Le diabète de type 2 est le plus préoccupant en matière de risque cardiovasculaire. Dans ce cas, l’insuline étant devenue moins efficace (insulino-résistance), le pancréas en produit davantage. «Or, cette situation provoque également une formation plus rapide des plaques de cholestérol», explique le Pr Descamps.
Le bon réflexe ?
- Si vous êtes diabétique, veillez à suivre un régime alimentaire et un traitement adaptés, grâce à un suivi médical.
- Le diabète de type 2 concerne surtout des personnes en surcharge pondérale. Pour l’éviter, veillez à avoir une alimentation saine et à pratiquer une activité physique régulière.
À partir de 20 ans, les Belges ont en moyenne un taux de cholestérol LDL d’environ 130 mg/dl. Ce qui est trop élevé, la norme étant de 115 mg/dl. La faute à une alimentation trop riche en graisses saturées. A l’opposé, certaines tribus de Bolivie ou du Botswana ont un taux de cholestérol LDL de 50-70 mg/dl. Ces populations ne meurent jamais de maladies cardiovasculaires!
Que sont les maladies cardiovasculaires?
Il s’agit de l’ensemble des maladies liées à l’athérosclérose, c’est-à-dire la formation d’une plaque de cholestérol sur la paroi d’une artère du cœur, du cerveau ou d’un membre inférieur. Lorsque la taille de cette plaque est devenue suffisamment importante pour perturber la circulation du sang dans l’artère ou si cette plaque rompt, les premières manifestations surviennent. Le plus souvent, il s’agit de maladies coronariennes (infarctus du myocarde, angine de poitrine…). Ensuite, viennent les maladies cérébro-vasculaires (AVC, accident ischémique transitoire…). D’autres maladies ciblant les membres inférieurs peuvent également survenir (artérite ou gangrène des jambes ou des pieds…), mais celles-ci concernent davantage les personnes diabétiques ou fumeuses.
L’alimentation, une alliée clé !
Pour préserver vos précieuses artères, rien de tel qu’une alimentation adaptée, qui agira positivement sur tous les facteurs de risques. Anne-Sophie Dethier et Laura Deblander, diététiciennes à l’Hôpital de Lobbes, nous livrent quelques conseils:
- Réduisez votre consommation de graisses saturées: viandes et charcuteries grasses, fromages, aliments contenant de l’huile de palme ou de l’huile de coco, crème, beurre… Privilégiez plutôt les graisses insaturées (poissons gras, oléagineux, huiles végétales…).
- Évitez les aliments à haut index glycémique: sucreries, sodas, pâtisseries…
- Mangez moins salé. Le sel est présent dans de nombreux aliments. Évitez donc d’en ajouter à votre nourriture, surtout si vous souffrez d’hypertension. Privilégiez les épices et aromates pour assaisonner vos plats (basilic, thym, curcuma, poivre…).
- Consommez 2 fruits et 3 légumes par jour: ceux-ci sont notamment riches en antioxydants et en fibres.
- Limitez votre consommation d’alcool.
- Consommez 1,5 l d’eau par jour.