L’hypertrophie bénigne de la prostate est fréquente chez les hommes après 50 ans. Les hôpitaux de Mons et Warquignies se sont dotés d’un laser Holmium, pour proposer un traitement plus confortable aux patients. Explications du Dr Alexandre Delrée, chef du Service d’Urologie.
Nos questions au Dr Alexandre Delrée
Il s’agit du grossissement anormal de la partie centrale de la prostate. Cette glande du système de reproduction masculin est située sous la vessie et entoure l’urètre (conduit qui assure l’écoulement des urines). L’augmentation de volume de la prostate touche la plupart des hommes en vieillissant. En fonction de son ampleur, l’hypertrophie de la prostate peut provoquer des symptômes urinaires ou non. D’une part, si l’urètre est comprimé, le jet d’urine peut devenir plus faible et la miction plus lente. D’autre part, comme la vessie doit fournir une pression plus importante pour se vider, une instabilité peut se développer. Les besoins d’uriner deviennent alors plus fréquents et plus urgents.
L’hypertrophie bénigne de la prostate ne met pas la vie en danger, mais ses symptômes peuvent être très incommodants au quotidien. Dans un premier temps, on prescrit des traitements oraux associés à des adaptations alimentaires. S’ils ne donnent pas ou plus de résultats satisfaisants, une intervention chirurgicale est recommandée. En effet, cette pathologie peut engendrer des complications, comme un trouble de la vidange vésicale. Dans ce cas, l’urine ne parvient pas à être totalement évacuée lors de la miction. Les résidus restants dans la vessie peuvent alors favoriser l’infection urinaire ou la formation de pierres. Une autre complication possible est la rétention aiguë d’urine. Dans ce cas, la vessie est complètement bloquée.
«HoLEP» est l’anagramme de Holmium Laser Enucleation of Prostate. En français, cela se traduit par: énucléation de la prostate au laser Holmium. En d’autres termes, il s’agit de déloger l’excédent de prostate, appelé adénome (tumeur bénigne). Si l’on compare la prostate à une orange, l’intervention consiste à l’évider de son fruit.
L’opération se déroule par voie transurétrale, c’est-à-dire via l’urètre. Premièrement, un endoscope, c’est-à-dire une caméra, y est introduit jusqu’à la prostate. Ensuite, l’adénome est découpé en morceaux grâce à une fibre laser, puis ceux-ci sont poussés en direction de la vessie. Là, un morcellateur est utilisé afin de les fragmenter et de les aspirer. Le patient peut choisir d’être anesthésié totalement ou juste au niveau du bas du corps.
Elle permet notamment de traiter des prostates qui ont atteint un plus gros volume (plus de 60 ml), sans devoir pratiquer d’incision au niveau du bas ventre. Ce qui était plus compliqué par voie transurétrale auparavant. Les bénéfices pour les patients sont nombreux: ils n’ont pas de cicatrice, ils ont moins de saignements, leur durée d’hospitalisation est nettement plus courte (deux jours seulement) et ils ne gardent leur sonde urinaire que 24 heures, au lieu de 2-3 jours ou plus si nécessaire avec d’autres techniques. À l’avenir, nous pourrions même envisager une intervention en hospitalisation de jour.
En général, nous programmons une consultation 6 à 8 semaines après l’opération. L’objectif est de savoir comment le patient urine et si tout est rentré dans l’ordre. Suite à l’acte chirurgical, des besoins plus fréquents et plus urgents d’uriner se ressentent. Mais ceux-ci s’estompent rapidement. L’énucléation de la prostate au laser Holmium permet une intervention par voie naturelle, via l’urètre. L’urologue ne procède donc à aucune incision au niveau du bas ventre. Résultat? Une opération moins risquée et une récupération post-opératoire nettement plus rapide avec d’excellents résultats fonctionnels.
Mars 2018, ce qui fait du CHR Mons-Hainaut l’un des premiers hôpitaux en Wallonie à se doter de cet équipement innovant. Depuis, nous effectuons entre 4 et 5 interventions par mois, grâce à cette technique.
Dr. Delrée: Au CHR Mons-Hainaut, nous avions déjà une expérience du laser par photovaporisation suite à des formations reçues en France, à Rennes. Il s’agit d’une autre technique, qui consiste à réduire l’adénome en poussières. Mais nous avons désiré investir dans une technique encore plus pointue et offrant de meilleurs résultats. Mon collègue, le Dr Michael Querton, et moi sommes donc allés nous former en Angleterre, à Cambridge, et ensuite à l’OLV Ziekenhuis d’Alost.