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Hôpitaux AVC : une course contre la montre

Dès qu’une personne avec suspicion d’AVC franchit les portes des urgences, une procédure spécifique s’enclenche. Son objectif ? Aller le plus vite possible pour maximiser la récupération du patient. Et dans cette chaîne bien huilée, chaque maillon compte.

L’AVC ou accident vasculaire cérébral touche près de 19.000 Belges chaque année, soit 52 personnes par jour. Si le vieillissement des vaisseaux sanguins, l’hérédité et l’athérosclérose (accumulation de substances dans et sur les parois des artères) représentent les facteurs de risque principaux, il en existe d’autres. Ainsi, l’hypertension, le tabagisme, le diabète, le cholestérol, la surconsommation d’alcool, le stress, la sédentarité, le surpoids… peuvent également augmenter les risques d’AVC dont il existe deux types. L’AVC ischémique est causé par l’obstruction d’un vaisseau sanguin menant le sang au cerveau (thrombose cérébrale) alors que l’AVC hémorragique est causé par la rupture d’un de ces vaisseaux sanguins (hémorragie cérébrale). Chacun nécessite une prise en charge spécifique. Grâce à une parfaite collaboration entre les sites, tous les hôpitaux du réseau intégré Helora peuvent gérer efficacement et très rapidement les AVC, peu importe leur nature. Immersion au coeur des urgences, là où tout commence…

1. L’appel d’urgence

Vous ou un proche pensez être victime d’un AVC ? Appelez une ambulance. Les ambulanciers pourront ainsi prévenir l’hôpital le plus proche de chez vous qui pourra enclencher la procédure et se préparer à votre venue. Car dans un AVC, chaque minute compte, comme le souligne le Dr Marie Dagonnier, neurologue spécialisée dans les AVC au CHU Ambroise Paré : « Appeler le 112 permet la pré-notification et une meilleure prise en charge globale par la suite. Car dans un AVC ischémique, c’est presque 2 milliards de neurones qui disparaissent par minute. Time is brain, le temps c’est du cerveau. Chaque minute compte. C’est un vrai travail d’équipe contre le temps. »

RECONNAÎTRE UN AVC

Retenez l’acronyme FAST qui reprend les symptômes les plus reconnaissables de l’AVC :
Face Le visage qui est de travers.
Arm Le bras ou la jambe qu’on ne sait plus bouger.
Speech Le langage et les mots difficiles à prononcer.
Time Il est temps d’appeler l’ambulance sans traîner.
En fonction de la partie du cerveau qui est touchée, un AVC peut également s’accompagner de troubles visuels, d’une perte de sensibilité, de vomissements, de maux de tête, de troubles de la mémoire soudains (amnésie brutale), de chutes, de vertiges sévères.

BON À SAVOIR 

Lors de votre appel, précisez aux soignants depuis quand durent les symptômes et quels médicaments prend la personne victime de l’AVC. En effet, certains sont incompatibles avec les thrombolytiques et peuvent entraîner des complications graves.

2. L’arrivée à l’hôpital

Vous êtes pris en charge par les urgentistes et/ou par un neurologue selon une procédure spécifique dont disposent tous les hôpitaux. L’objectif ? Aller le plus vite possible. « J’essaie d’être présente dans le sas des urgences pour accompagner le patient tout au long de son trajet de soins », explique le Dr Dagonnier. « Ce n’est cependant pas toujours possible soit parce que le patient arrive par ses propres moyens soit parce que l’AVC survient en dehors des heures de travail. Les urgentistes nous préviennent toujours très rapidement mais parfois, on arrive un peu après le patient. » À Lobbes, les urgentistes ont l’habitude de gérer cette phase aiguë de l’AVC. « On contacte bien sûr le neurologue mais nous n’avons pas le temps d’attendre qu’il arrive jusqu’ici », souligne le Dr Félix Gendebien, chef du service des urgences de Lobbes. « Dans l’AVC, ce qui compte, c’est de faire le scanner le plus vite possible. Tous les hôpitaux sont à même de gérer efficacement et rapidement la phase aiguë d’un AVC. Et parfois, la réactivité des petits centres est même plus élevée. » 

3. Le diagnostic & l’imagerie médicale

Les symptômes étant exactement les mêmes, la différence entre un AVC ischémique et un AVC hémorragique ne peut se faire qu’au scanner. Les soignants se rendent donc immédiatement à l’imagerie médicale. « On court littéralement dans les couloirs », poursuit le Dr Gendebien. « Chaque minute compte à ce moment-là pour maximiser les chances de récupération. C’est la course contre la montre de l’AVC. On a au maximum 4 h 30 après l’apparition des symptômes pour donner le thrombolytique et un peu plus longtemps pour aspirer le caillot. Ça se joue à la minute. »

LE “DOOR TO NEEDLE TIME” (DNT)

Il s’agit du délai entre l’entrée du patient aux urgences et l’administration des médicaments en cas d’AVC ischémique. Celui-ci doit être le plus court possible. Dans le réseau Helora, les DNT sont extrêmement bas. Pour cela, il faut une chaîne bien huilée, où chacun sait ce qu’il a à faire. 

4. Le traitement

Selon les résultats du scanner, les médecins administrent le traitement adéquat.

• Si l’AVC est ischémique, le patient reçoit un thrombolytique en perfusion, qui va fluidifier le sang et tenter de dissoudre tout ou en partie le caillot qui bouche l’artère. En complément, il bénéficiera d’une thrombectomie cérébrale comme l’explique le Dr Nicolas Brassart, radiologue interventionnel vasculaire au CHU Ambroise Paré. « Cette intervention consiste à retirer le caillot à l’aide d’un dispositif mécanique perfectionné en passant par les artères. Il ne s’agit donc pas de chirurgie. Guidés en temps réel par l’imagerie, nous sommes capables de voyager dans les vaisseaux du corps entier et d’y intervenir. Selon la localisation, la nature du caillot et l’anatomie du patient, l’intervention prendra en moyenne 30 minutes. Grâce au matériel de plus en plus innovant, nous pouvons retirer des caillots de plus en plus petits et permettre une meilleure récupération à de plus en plus de personnes. La radiologie interventionnelle vasculaire est en plein essor mais peu connue du grand public. Nous ne sommes encore que très peu en Belgique mais le réseau hospitalier Helora bénéficie pourtant déjà d’une équipe complète. C’est une de ses spécificités et de ses forces. »

• Si l’AVC est hémorragique (beaucoup moins fréquent), le patient sera mis sous surveillance monitorée avec un contrôle drastique de la tension artérielle et la prévention des complications secondaires. Dans certains cas, la poche de sang qui compresse une partie du cerveau pourra être évacuée chirurgicalement. 

5. Le suivi

Après la phase aiguë, le patient est dirigé vers une unité de neurologie. Il y bénéficie d’un monitoring spécifique de surveillance, d’une prise en charge particulière et de l’intervention de kinésithérapeutes et de logopèdes plus rapide. « Le patient monte ensuite en unité neuro-vasculaire sous surveillance monitoring durant 48 h à 72 h », explique le Dr Dagonnier. « La durée d’hospitalisation dépend de son évolution, de sa récupération et des résultats de ses différents examens. Soit il pourra rentrer chez lui soit il sera dirigé vers une unité de revalidation. » Le patient est ensuite suivi par le neurologue qu’il revoit 1 mois après l’AVC, puis 3 mois après. En fonction des résultats, le suivi passe à 6 mois, puis, s’il n’y a pas de complication, le suivi est annuel.